« Ce que tu veux savoir du bambou, seul le bambou te l’apprendra ! » (Proverbe africain)
Si cette citation (fréquemment utilisée par François Bigrel en formation de formateurs d’entraîneurs) peut s’avérer un excellent sujet de philo, elle prend toute sa pertinence dans le champ de la haute performance.
Remplaçons le mot « Bambou » par « Compétition » !
« Ce que tu veux savoir de la Compétition, seule la Compétition te l’apprendra ».
De nombreux entraîneurs oublient que l’entraînement est d’abord une préparation à la compétition, rappelle Frédéric Vergnoux devant une assemblée toute ouïe de jeunes entraîneurs de natation. J’en ai fait l’expérience à mes dépends aux JO de Rio en 2016. L’équipe espagnole était logée au 18ème étage d’une grande tour, l’ascenseur s’arrêtait à tous les étages pour prendre les athlètes des autres équipes et il fallait 20 minutes pour monter ou descendre ; puis 15 minutes de marche pour aller au bus et 40’ de bus pour atteindre la piscine du village olympique. Après la session du matin, il fallait se rendre au réfectoire puis repartir dans nos chambres, et rebelote pour les épreuves du soir. On s’est rendu compte que les nageurs parcouraient à pied entre 10 et 15 km par jour et l’on n’était pas du tout préparé à ce type de fatigue.
Par la suite, nous avons intégré cette donnée dans notre préparation terminale avec l’ascension du Pic du Veleta. Il s’agit de parcourir une distance de 11 km avec 1200 de dénivelé. Pour Mireia Belmonte, cette dernière épreuve constitue aujourd’hui un moment essentiel de sa préparation pour se sentir forte au plan physique comme au plan mental ».
L’entraînement n’est pas une fin en soi, quelle qu’en soit la qualité. La confrontation à la situation de compétition est parfois insuffisamment prise en compte par de nombreux entraîneurs et athlètes trop soucieux de produire un « bon entraînement ».
« Un jour ou l’autre, l’entraînement paye toujours ! » dit la maxime. Ineptie !
Francis Distinguin
Mission Haut-Niveau / Formation
CNEA Font-Romeu