A propos des notions « claires » Paul Valéry a écrit dans ses cahiers : « Ce que nous appelons clair ne l’est pas toujours en soi mais parce qu’il ne demande pas de réflexion, non qu’il n’en ait pas besoin mais ce besoin n’est pas éveillé à cause de l’habitude ».
Il est ainsi du mot « performance » dont la fréquence d’utilisation dans le milieu sportif, laisse entendre que celle-ci est finalement bien connue. Ce sentiment d’évidence n’invite évidemment pas à en entreprendre l’analyse sans laquelle pourtant nous faisons, en matière d’entraînement, courir des risques aux pratiquants qui se confient à nous.
Trois grands univers de compréhension ont cours aujourd’hui dans le monde du sport, pour rendre compte de la performance et chacun d’entre nous adhère à quelques détails près et quelquefois implicitement, à la vérité de l’un d’entre eux. Le premier s’appuie sur des considérations génétiques, le deuxième définit la performance par rapport à un « idéal » à rejoindre quant au troisième, il déclare que la performance n’existe pas et qu’elle est inventée en « situation ». Ces trois univers conduisent à des appréciations très différentes de la situation de compétition, de l’activité du pratiquant et du rôle de l’entraîneur. Deux d’entre eux peuvent être contestés aujourd’hui. Le troisième semble, lui, à même de répondre à certaines questions que les deux premiers laissaient dans l’ombre par impuissance à les résoudre. En évoquant ce dernier univers, nous serons conduits à ré-envisager les notions de technique, de style… et à proposer une autre « éthique » à la fois pour l’agir de l’athlète et pour l’activité de l’entraîneur, les deux œuvrant pour l’avènement d’une performance pouvant alors être qualifiée d’humaine.
François BIGREL. Professeur agrégé d’EPS, formateur au CREPS Aquitaine (1976-2006), auteur d’ouvrages de réflexion sur la performance et le sport de haut niveau.
Pour commander son ouvrage , contactez par mail ARTISANS CONSEIL