L’Equipe de Rugby à XV de l’ASM Clermont-Auvergne en estive sur les pâturages du CNEA de Font-Romeu.

Il est en effet de tradition en Auvergne d’emmener les troupeaux de vaches à l’estive dans la montagne. Et apparemment…le fromage est bien meilleur.    

Pour la première fois, les joueurs de granit du Massif Central ont prolongé leur transhumance dans les Pyrénées pour profiter de l’herbe verte du stade du CREPS/CNEA de Font-Romeu et préparer leur rentrée sportive prévue le 22 Août contre La Rochelle.

« La première raison de notre venue à Font-Romeu n’est pas l’altitude car une semaine n’est pas suffisante pour réellement voir des effets. Notre objectif ici est triple : cohésion de groupe, affiner notre système de jeu et reprendre la condition physique pour être performant dès le début de la saison, notamment les 4 premiers matchs….» souligne Jean- Marc Lhermet, Directeur Sportif de l’ASM.

Pas question de brouter la pelouse sur le stade du CNEA-CREPS de Font-Romeu

Les contraintes sont plutôt lourdes. Les équipes du top 14 disposent d’à peine un mois de repos entre la fin de saison et le début de la saison suivante. Pas vraiment la place pour prévoir de longues phases de développement des capacités athlétiques, ni de temps pour les nouvelles recrues de s’épanouir pleinement dans le collectif, ni la possibilité de tester de nouvelles stratégies de jeu ou de développer des automatismes. Le temps leur est compté. La performance ici et maintenant. Une question insoluble de quadrature du cercle à résoudre.

La Coupe du Monde de Rugby prévue du 13 septembre au 31 octobre 2015 n’arrange pas les choses. L’ASM s’est fait subtilisé pas moins de 12 joueurs réquisitionnés par leurs différentes équipes nationales.
Dès le mois de février, l’ASM avait anticipé en préparant les meilleurs jeunes de l’Equipe Espoir du Centre de Formation à faire leur rentrée dans le top 14 en pariant sur leurs capacités à gagner en maturité et à acquérir la reconnaissance et le respect de leurs aînés sur ces 4 premiers mois.

« La planification de l’entraînement en Rugby est un vrai casse-tête. Il n’y a pas d’Intersaison, il s’agit d’un vieux débat récurrent du Rugby « précise Sébastien Bourdin, le coordonnateur de la prépa physique de l’ASM depuis 11 saisons. « Notre saison dure 11 mois, alors vous savez, les notions de pics de forme sont loin de nos préoccupations. On sait que l’usure sera là. La difficulté est de maintenir dans le temps un bon niveau collectif, ce qui suppose de faire les bons choix dans la rotation des joueurs. »

En remplacement de l’entraîneur néo-zélandais Scott Crean débauché un temps pour accompagner l’équipe de Géorgie à la Coupe du Monde, Sébastien Bourdin a fait appel à Philippe Gardent, pour assurer sur ces 4 prochains mois la préparation physique de ses joueurs. Après un parcours de joueur/entraîneur de Football Américain, puis de préparateur physique en Bobsleigh, Philippe Gardent, prend ses marques avec assurance : « En football américain, la saison sportive dure seulement 4 mois, le reste du temps est consacré à la préparation physique, technique, tactique sachant que chaque poste à ses contraintes et ses exigences. Pourquoi ne pas repenser nos approches et nos contenus d’entraînement développés en football américain au regard des qualités aujourd’hui indispensables dans le rugby contemporain ? Bien sûr, je mets une limite à la notion de transfert. Quoi qu’il en soit, pour être compétitif, il faut nécessairement trouver un temps de développement des qualités ».

Salle d’haltérophilie avec vue panoramique sur la montagne

Explosivité. Boum ! Le mot est lâché. Pas seulement une histoire de salaison de cuissots et de jarrets mais un subtil rapport entre la force et la vitesse. « Il faut que les appuis soient solides et bien en place pour que l’explosivité des joueurs puisse fixer, perturber, prendre de vitesse l’adversaire. La difficulté est de maintenir une telle intensité sur 80 minutes » précise Philippe.

Sébastien compte sur sa nouvelle recrue « pour nous apporter son œil et son expérience d’athlète dans un sport où l’explosivité, les changements de direction de trajectoire et changement de rythme constituent des aspects essentiels de la performance. Il ne peut s’agir d’un copier-coller du football américain au rugby, mais une occasion de réinterroger la performance par une personne qui a un regard neuf et qui va s’attacher à certains détails qui nous échappent ».

Sébastien sait de quoi il parle. « Je crois beaucoup à l’ouverture sur d’autres sports, d’autres approches. Je suis moi-même issu de cette approche transversale. Je viens du monde de la lutte. J’ai d’ailleurs effectué de nombreux stages à Font-Romeu en tant que lutteur. J’adore cet endroit. J’apprécie surtout le fait que nos rugbymans puissent se rendre compte que d’autres sportifs1 dont certains sont champions du monde, s’entraînent ici au quotidien sans faire l’objet de l’attention des médias comme s’est aujourd’hui le cas en rugby. J’en suis parfois gêné. »

Un temps magnifique s’est invité toute la semaine sur les hauteurs de Font-Romeu.
Le ciel se couvre, des trombes d’eau déferlent la montagne. Fini les vacances et le temps des pâquerettes. A peine deux semaines pour s’affiner, gagner en cohésion et en efficacité avant d’affronter les rugbymans bronzés, iodés de La Rochelle.

Fameux Bleu d’Auvergne à pâte persillée.

Le Jaune et Bleu d’Auvergne, fondant et sauvage, reste ce qui se fait de mieux dans le rugby hexagonal dans le respect des valeurs et des savoirs faire. Une solide Appellation d’Origine Protégée.

1Allusion à Yohann Diniz, recordman du monde du 50 km marche, Yohan KOWAL champion d’Europe du 3000 steeple, Mo Farah, star de l’athlé britannique, deux titres olympiques et trois mondiaux (5000 m et 10000 m) et tous les athlètes internationaux croisés autour du stade et au CNEA de Font-Romeu.

Francis Distinguin

Conseiller Technique et Sportif Supérieur

Centre National d’Entraînement en Altitude de Font-Romeu

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