À PROPOS DE l’ENTRAÎNEMENT

QUELQUES NOTIONS GÉNÉRALES À PROPOS DE l’ENTRAÎNEMENT

“Il nous conduisait droit au fondamental en nous faisant passer par des chemins à lui”.
Bernard Moitessier

Les conceptions concernant l’entraînement du pratiquant dans une discipline sportive sont nombreuses et souvent contradictoires.
Il peut sembler, parce qu’elle est observable et assez aisément mesurable, qu’il est facile de favoriser l’émergence de la performance. Il n’en est évidemment rien et ce d’autant moins qu’il est admis aujourd’hui que le fonctionnement du vivant se laisse difficilement réduire aux lois que nous avons l’habitude d’utiliser, lois qui sont issues, en biologie, des analyses de type physico-chimique classique.

Deux points importants servent de toile de fond à toute tentative de clarification de la notion d’entraînement :

– Une situation d’entraînement sollicite toujours l’individu de façon spécifique et conduit donc à une adaptation individuelle propre à cette situation.

– Tout apprentissage donne lieu à des perturbations et des déséquilibres qui exigent pour chaque sportif de trouver les ajustements nécessaires. S’opère alors à son insu, une succession de régulations nombreuses et toutes interdépendantes. Il est particulièrement risqué alors, de décomposer et d’isoler certains éléments (physiques, techniques, biologiques, …) pour les travailler hors contexte, ce que nécessite parfois l’acte d’entraîner. Il est possible de sortir de ce paradoxe en prenant la précaution de s’appuyer sur ce que fait le pratiquant très globalement, d’extraire les éléments semblant faire problème, de les travailler dans l’esprit de la discipline et, assez rapidement, de réintroduire ces éléments dans la pratique globale et les exigences spécifiques que cette discipline est seule capable de poser.

Ces quelques notions à propos de la performance ont pour but d‘essayer d’aller à l’essentiel. En préambule, je vous propose donc un certain nombre de considérations qui contribuent à définir une attitude.

• La performance physique n’est pas une somme de qualités physiques.

• La performance physique est l’expression d’un sujet à un moment donné de sa propre histoire. Cette expression (performance) est donc unique et singulière.

• La performance est irréductible à un modèle théorique connu.

• C’est une erreur de croire qu’il existe des qualités physiques qui se rencontreraient à l’état pur dans l’analyse de la performance. La désignation d’une qualité physique relève d’un acte de conceptualisation qui est toujours arbitraire. Il est pourtant utile d’utiliser ce terme à un moment donné de l’entraînement.

• La définition et le développement d’une ou de plusieurs qualités physiques ne peuvent se faire sans une réflexion méthodique préalable sur la spécificité de la discipline sportive pratiquée et sur l’histoire et le niveau du pratiquant dans cette discipline.

• Développer une qualité se fait toujours au détriment des autres. L’art d’entraîner (de s’entraîner) suppose de conjuguer les différentes qualités entre elles et relève alors d’un choix dont la lucidité est fonction de la réflexion et de la culture de l’entraîneur et du pratiquant.

• Le développement d’une qualité physique doit aboutir à replacer cette qualité dans le système complexe de l’habileté qui est l’expression du pratiquant dans le cadre réglementaire de la discipline sportive qu’il a choisie.

• Les principes d’entraînement doivent être respectés. Ils proviennent à la fois de l’expérience des entraîneurs et des différentes approches scientifiques. Ces principes sont d’autant plus efficaces que le sujet est entraînable c’est-à-dire apte à se modifier sous les contraintes de l’entraînement. L’âge est un facteur déterminant de l’entraînabilité.

QUELQUES PRINCIPES FONDAMENTAUX :

1) PRINCIPE DE SPECIFICITE

La prise en compte de ce principe se retrouve constamment dans la réflexion et la mise au point de l’entraînement.
Chaque individu présente une grande plasticité qui va l’amener à s’adapter très précisément au travail qui lui est demandé. Un nageur doit nager, un rameur doit ramer … « Ce que tu veux savoir du bambou, seul le bambou te l’apprendra » dit le sage proverbe africain. Si l’entraînement a pour objectif de se préparer à la compétition, il est essentiel que les contenus proposés aient du sens au regard de l’objectif poursuivi. Trop d’entraîneurs entraînent et trop de sportifs s’entraînent en perdant de vue les exigences de la situation de compétition. L’entraînement à la compétition exige que les objectifs poursuivis et les moyens mis en œuvre soient en permanence corrélés à la situation de compétition.

2) PRINCIPE D’EVALUATION

Les exercices n’ont pas en eux-mêmes la capacité de favoriser un processus de développement du pratiquant. Ils doivent être, en termes d’intensité et de durée, adaptés au niveau du pratiquant dans sa pratique. Tout processus d’entraînement commence donc par un temps d’évaluation qui est organisé en rapport avec l’analyse qui a été faite de la spécificité de la pratique sportive en compétition.
Ce temps d’évaluation doit se poursuivre tout au long de la saison à intervalles réguliers afin d’adapter les situations proposées à l’évolution de l’athlète.

3) PRINCIPE DE SURCHARGE (Ce terme me gêne car il est connoté préparation physique.Si tu veux le maintenir, cela nécessitera de préciser les notions de charge et de surcharge, termes corrompus de mon point de vue.)

Pour provoquer un mécanisme d’adaptation, les exercices d’entraînement doivent poser un problème inconnu à l’athlète et doivent donc être différents de ceux que l’athlète résout déjà aisément. Le développement des facteurs physiologiques essentiels à la performance nécessite de créer des perturbations, des déséquilibres, des stress en jouant sur l’intensité, la durée et la fréquence de l’exercice de demandé.
Attention ! ! Un exercice trop difficile pour le pratiquant est source de désadaptation et de régression. La difficulté doit se situer dans une zone appelée « zone proximale de développement ». La réponse du pratiquant à l’exercice est toujours singulière. Deux sujets soumis au même exercice y répondront et s’y adapteront différemment.

4) PRINCIPE DE PROGRESSIVITE

Si, sous l’effet de l’exercice (d’un stress envisagé comme une forme de déséquilibre, sortir d’une zone d’inconfort), le pratiquant laisse à son organisme le temps de s’adapter, de développer ses potentialités et des compétences supérieures, il lui faudra de nouveau créer un stress, et ainsi de suite …. Il y a donc toujours au cours du temps une progressivité des contraintes assurant l’impact des exercices lors du processus d’entraînement.

5) PRINCIPE DE VARIÉTÉ

Afin d’éviter la baisse du niveau de vigilance au cours de la séance d’entraînement et d’habituer le pratiquant à gérer des situations nouvelles, il est conseillé de varier les exercices même s’ils sont élaborés sur le même thème de travail. Un exercice difficile sera suivi d’un exercice plus facile …

6) PRINCIPE DE RÉVERSIBILITÉ

L’adaptation de l’organisme provoquée par le processus d’entraînement n’y n’est pas installée définitivement. Elle est réversible et ce d’autant plus vite que l’entraînement a été bref. Par ailleurs la décroissance est très rapide à l’arrêt de l’entraînement pour, par la suite, être moins rapide. Quinze jours d’arrêt sont très préjudiciables au développement obtenu après de longs mois d’effort à l’entraînement.
L’adaptation est meilleure et perdure si les gains ont été obtenus pendant l’enfance, l’adolescence et le début de l’âge adulte, là où l’entraînabilité est la meilleure.
Il ne faut donc jamais arrêter de s’entraîner même si des périodes doivent être consacrées à la récupération ou au seul entretien des qualités.

Abrazo

François Bigrel

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